Orage charnel

Apaise mes angoisses, accorde à mes paroles quand elles se prennent pour des notes, la mélodie de tes lèvres. Infuse ta chaleur à ma chair alanguie. 

 

Réconfortante tisane, verveine, camomille et sucre d'orge. Mon goûter, mon quatre heures, toutes les heures. Amour anthropophage, banquet sans limites pour ton Rabelais de salon, ton Gargantua d'intérieur.

 

Frôlements sucrés pour un diabétique refusant l'insuline. Minois fruité, bouche cerise, teint de pêche, yeux amande que je dévore.

 

Offre-moi  la cortisone de tes caresses. La douceur de tes mains, baume de ma plèvre endolorie. Panse mon âme scarifiée, suturée.  Je te lèche, te pourlèche partout, bisous dans le cou, le cul, le con.

 

Odeur de pulpe mouillée, amère, fertile comme la terre après l'orage.

 Besoin de couvrir cette algue sombre qui m'arrime à tout ce que tes yeux ont de clair. Je  descends irrésistiblement. Toison aux senteurs originelles remontant aux narines comme un précieux héritage.

Festin amoureux.

 Mords-moi, dévore-moi, concasse-moi, que je ne sois plus qu’amant en fusion, une suite de fibres nerveuses en mouvement. Un  Béjart dans chaque testicule. Danse oscillatoire, ondulatoire ! Farandole de cellules dans le bruit mat de la sarabande qui bande et réclame encore.

 

Gémissantes détonations et trous noirs perforant ma lucidité et fusillant  nos amours anciens. Déploiement de tes orifices brillant comme étoiles incandescentes en mon encéphale réduit à de péniennes dimensions.

 

Atomise-moi, toi, nous jusqu'à cette aube que nos mains ont écrite d'avance comme des lettres pirouettant dans les torrides turbulences de nos corps.

 

Oui, des lettres, des milliers de lettres oblitérées par ton souffle, postées par tes sens au cas où ce soit tout ce qui me reste.

 Fax, email, plumes taquinant la muse sous la chandelle, c'est égal pourvu que l'on sache une fois de plus, le pacte corail court-circuitant la monstrueuse banalité de nos agissements, nos déambulations.

 

Grandiose illusion d’échapper à la pesanteur qui nous plaque au sol comme une grève des contrôleurs aériens. Glissements, couinements, tobogan de tes cuisses qui glissent, s'évasent jusqu'aux lentes expirations, aux acides sudations que l'on gobe comme l’évocation de la banquise en plein Sahel.

 Roulement de haut en bas comme une armée d'escalators tergiversant sous la nacelle du plus brulant des transports. 

 

Nues galbées de ta croupe poisseuse, pleine comme ta panse un jour peut - être. Escalators en corps et encore. Je pille, je pile le mil de ton milieu vaginal qui vagit sa flore éprise d'une marée implorant mon juteux braquemart.

 

Je suis faiseur de pluie, inventeur de Niagara, immense chasse d'eau entreposée au Canada.  Niagara, vieux long-métrage avec Marilyn, en robe fourreau,  rouge sang, muqueuse, fournaise.  Niagara torrentiel, providentielles chutes du Rhin égaré, chutes de reins, chut on n’est rien, de ces riens qui font tout, on peut tout faire, absolument tout, à condition que nos corps soit d'accord pour s'éponger, se boire jusqu'à la lie, se noyer dans le jus du désir.

 

Licencieuse licence 69. Bois ma liqueur d’égrillard Bacchus épris d’intimes bacchanales. Bac anal, je lape le nectar de ton fessier roulant dans ma gorge comme futaille sur un pan incliné.

 

Tes dents inculquent à mon poignet la gourmette de leur émail. Ton mont de vénus, venaison de mon festin  amoureux.

 Mes crocs sont des conscrits sous la mitraille de tes sécrétions qui tous poils dehors étouffent le lexique qui se disloque dans le chuintement de la succion.

 Ineffable sapidité de nos baisers, frétillements outranciers de nos langues qui s’entrelacent, désinfectent nos cerveaux comme de l'ammoniaque.

 Démoniaque ammoniaque de la pureté fusionnelle évoquant cette époque ventrue où nous aurions pu nous parler au  travers de nos rondes Mamans puisque, de par les limbes, nous pressentions cette union qui accéléra notre expulsion.

 

Mais attends ! Je sens des crépitements, des tonnerres mousseux.  Bulles, goulot, sabrer le champagne maintenant ? Non ! Retiens-toi, range ton sabre ! !

 Imbrication, compression maximale, diversions saugrenues, désopilantes, remémorations spleenétiques, tout ce qui peut être appelé à la rescousse, l'est.

 Constriction urétrale..  Un millilitre en toi, bien plus en en moi, mais ça repart !Non pas maintenant je t'en supplie, je t'en conjure,  retiens toi, ravale la salve, pas tout de suite, la mort pâle, la blanche Toussaint, les blêmes chrysanthèmes.

 

Plates et mornes plaines de tes hanches prises d'une immobilité pleine de moi, pleine d'émois. Liquoreux reflux, chut, doucement, ne bougeons pas d'un centième de millimètre, figeons-nous, faisons les morts comme des randonneurs croisant un grizzli.

 

Je la sens. Elle s'assoupit. Nous l'avons vécu pour mieux la vaincre, ma sublime, ma divine. Arrachées,  les chrysanthèmes de nos extases que sont mes éjaculations précoces. Le cillement à valeur d'appel.

 Viens doucement, tu connais sa nature rancunière, elle pourrait vouloir se venger, jaillir sans crier gare.

 

Entretenir l'attente, éterniser cet envol latent, immortaliser le sursis précédant la vacuité laissant le testicule hébété, la cervelle désemparée, l'homme face à son suicide mental.

 

 Diagonales de toi à moi. Les idées s'y propagent à la vitesse de la lumière. Ma famille, mon réseau, mon enfermement, mon évasion, mon cycle, roue libre vers des paysages si différents.  Collines fermées, champs ouverts aux blés, à l'orge, aux vignes, aux raisins, menstrues de la terre pour nourrir les enfants, ces saluts, ces arbrisseaux, cette future généalogie grouillant dans mon scrotum, gisant dans tes trompes d’inflammable fallope pressant mes cerises à l’eau-de-vie.

 

Autres saisons, temps des cerises et lilas blanc, do l'enfant ne dort pas et s'abreuve à la claire fontaine des cahiers Clairefontaine ou faute de vague un petit navire chavire près de la spirale de fer inventant ces pâtés de sable berçant l'enfant qui s'endort en rêvant d'être grand et qui une fois grand regrettera tant et tant ce si petit temps de son jeune âge. Faut peupler le voyage avec des enfants pour repousser, conjurer la grande faucheuse. Mais plus tard quand je serais grand.

 

Pour l'heure, verge à gland d'arrêt jutant ses serments, bavant ses promesses. Rotation sans concessions.  Le  postérieur de jument élève sa tempête de poils fendue.  Cette gironde levée renvoie à des angoisses existentielles, angoisse d'exister sans elle, ne serait-ce qu'un instant.

 

Elle est là l'embouchure, il n’y a qu’à souffler dedans. Héroïsme du renoncement. Je ne serais jamais héroïque. Donne-le-moi ton instrument à vent, laisse-moi la syncoper ta section de cuivre, laisse-moi, l'astiquer, le renfler ton merveilleux joufflu.

 Humecter furieusement, racler, biner, piner tes muqueuses ciselant les aigus comme une membrane électrostatique. Mon saucisson cracheur de foudres extatiques, mon salami en furie écartèle tes cuissots, te pourfend jusqu'aux omoplates, te ventouse l'utérus dans la boîte crânienne. Déchainement buccal, orgie de membres, génitoires sucés, pompés, aspirés par les puissantes contractions de l’entaille.

 

Sexes emboités, jambes en vrac attendant le seau d'eau du démêlement corporel.

 Je suis un dieu fourbu devant ton ventre fumant comme champ de bataille  après la charge. Un Don Quichotte exténué face à tes hanches jonchées de la translucide dépouille de l'orgasme.

 

Nuit d'extase, lambeaux de firmament usé d'avoir trop régné dans mon normal sup de subconscient. Faut se mentir, s’embellir pour se rassurer. Si tu savais combien j'ai besoin de me rassurer. Tes formes molles gisent au formol de ma torpeur. Ta poitrine est un verger aux fruits alléchants.

 

C'est juré, nous nous emmêlerons encore plus longtemps, plus intensément à la prochaine volée des corps, à la prochaine envolée du décor.

Patricia Rezé-Rébulard 01.03.2022 17:06

Si bien écrit que des images défilent devant les yeux.Je me sentais voyeuriste. Je préfèrerais un voile de pudeur sur le texte.Le romantisme me manque Christian

LOUVE 10.08.2019 17:03

Envies de deux corps, spasmes amoureux de deux êtres, corps à corps;...
Très beau
Merci pour cette lecture.

christian chauffour 11.08.2019 09:23

merci louve
jolies vos phrases

christian chauffour 19.07.2018 20:09

merci de ces compliments fleurissant comme votre patronyme

joelle fleury 19.07.2018 15:54

assommée par cette spirale envoutante mais tellement jouissive , quel talent....

France 02.05.2015 20:59

Déferlement de mots et de sensations qui me laissent comme pantelante, tremblante, survivante du monde merveilleux de corps à coeurs !
Osmose entre deux êtres.

Commentaires

30.11 | 16:08

merci anna

10.09 | 13:07

Mince je suis coulrophobe...😉

18.07 | 11:55

J'aime

15.04 | 11:41

Chapeau mec tout y est, dans les moindres détails, une portée littéraire digne ...