Parfums d’enfance

- Tu sais ce que c’est un goy Papa ?

- Oui et toi ?

- Bien sur, c’est un garçon qu’a pas la zigounette coupée.

- Bravo doudou.

- T’as vu hein, je suis culturé.

- Cultivé.

- Suis pas un champ mais bon si tu veux. Et tu sais ce que ça veut dire oudac ?

- Non

- D’accord en marsupilami, assène Aurélien sept ans.

- Comme avant les vieux films étaient en noir et blanc, quand j’étais petit, je croyais que la vie l’était aussi. Joan, dix ans.

- Mon zizi me trompe tout le temps. Quand je crois qu’il va faire un bon p’tit jet bien franc , bien direct, bien droit, le voilà qui se met à faire deux petits jets sur les côtés et j’en mets partout. Et quand je m’attends à ce que ça aille sur les côtés, ça part droit devant et j’arrose le couvercle. Je peux rien faire. C’est pas moi qui commande, il a pris le dessus. C’est un zizi dictateur.

- Tu te décalottes au moins ? demande Papa après avoir bien rigolé.

- Oui mais ça ne change rien. J’aimerais bien être une fille juste au moment de faire pipi, puis après je redeviendrais gars. Valentin, 9 ans.

Papa et maman parlent de bénévolat.

- Moi j’en fais déjà du bénévolat.

- Comment ça ? interroge Papa.

- Ben oui je garde deux vieux à la maison gratuitement, lâche content de lui, Robin, onze ans.

Les parents attablés, boivent leur café en discutant de la vieille voisine, Albertine Durieu, 76 ans.

- Quelle triste fin, il paraît qu’on lui a posé un anus artificiel.

Thomas, sept ans, assis par terre arrête net la bagarre des deux Action Man qu’il tient dans les mains, lève le nez et lâche :

- Ben comme ça, elle fera des crottes artificielles.

Le pugilat des super héros reprend.

Cette fois tout le monde est à table. Maman dit:

- Ma tante m’a raconté un truc horrible. Elle connaissait un vieux bonhomme qu’est mort et il n’y avait personne à son enterrement.

- Quelle misère, c’est le comble de l’impopularité, commente Papa.

- Moi y aura du monde à mon enterrement, s’enquiert Thomas ?

- Si on a rien de prévu on essaiera de venir, tente de plaisanter Papa.

- Mais pourquoi tu rigoles ? C’est sérieux, s’indigne le garçonnet.

- Parce que ta question me dérange. T’es pas près de mourir bouchon.

- Est ce que t’as déjà mangé du camembert au Nutella ?

- Maman ! qu’est-ce que ça fait si on proute dans une flûte ? interroge Raphaël huit ans.

- De la musique qui pue, répond Aurélie, six ans, damant le pion à sa mère.  

- Qu’est-ce que tu veux faire plus tard mon petit ? demande gentiment la vielle dame un peu casse pied.

- Illettré, rétorque vivement, Tony onze ans, cancre invétéré, fier de l’être et qui n’a pas sa langue dans sa poche.

Un papa raconte à Hervé, son fiston de 11 ans, qu’un copain à lui a eu un bébé le jour où son père est mort. Et que la peine d’avoir perdu son père avait évidemment considérablement assombri la joie d’accueillir le fruit de ses amours.

- Moi aussi j’aurais de la peine, opine gravement Hervé provoquant un certain contentement du père de constater les regrets qu’occasionnerait son départ vers l’au-delà.

Contentement de courte durée, Hervé se dépêchant d’ajouter :

- Oh oui, j’aurais vachement les boules parce qu’un bébé c’est l’enfer. Ca t’empêche de dormir, faut se lever tout le temps pour lui donner le biberon, ça fait dans sa culotte, ça pue, faut le nettoyer sans arrêt,  c’est que des embêtements en perspective et on s’occupe vachement moins du grand frère. J’espère que maman n’en attends pas un.   

- Non rassure toi. Merci pour moi, remarque le paternel dépité.

- Non mais pour ta mort aussi j’aurais de la peine !

- Ca  me rassure. 

Jerémy 5 ans, grande section de maternelle s’apprête à rentrer en classe sous les yeux de la maîtresse qu’il ne voit pas, trop absorbé par la révélation d’un secret  trop lourd à porter.

Montrant son majeur dressé à un petit copain, il interroge d’un air docte :

- Tu sais ce que c’est ce doigt là ?

- Non…

- Le doigt du gros mot.

- Tu veux que je t’aide ?, gronde la maîtresse, sourcils froncés.

- L’autre fois à 30 millions d’amis, ils montraient une tortue de mer de 123 ans. Tu te rends compte  de tout ce qu’elle a vu, les deux guerres mondiales, l’invention de l’électricité, des machines à laver, des frigidaires, des voitures, du téléphone, des ordinateurs, des portables, des balladeurs MP3, s’enthousiasme, Jennifer 10 ans.

- De la contraception et de la Starac, complète Estelle, sa grande sœur de 13 ans.

- Et là de la Starac, répète Jennifer rêveuse.

Petit Louis, six ans et Clémentine, quatre ans, rentrent de la plage où ils ont vu un monsieur amputé d’un bras. La discussion s’engage pour savoir comment le bras du monsieur a été coupé. Pour Petit Louis c’est simple :

- Les docteurs ont pris un gros couteau avec lequel ils ont tranché le biceps et après ils ont recousu  avec du fil et une aiguille.

- Pas du tout, conteste Clémentine. Ils ont mis son bras qui devait être moisi dans un grand taille-crayon, ils ont  tourné et voilà, fait t’elle en se frottant les mains, toute heureuse d’avoir résolu cette incommensurable énigme.

- Faire pipi sur la tombe d’un monsieur, c’est pas bien, sauf si c’est sa femme. Comme ça, il aura l’odeur du bonheur.  Julien huit ans et demi.

Jack Lang apparaît sur le petit écran.

Maman pourquoi le monsieur il a la tête pourrie ? s’enquiert, non sans une certaine inquiétude, Julia six ans.

Les feuilles tombent du vent. J'ai vu un monsieur qui a les cheveux chauves. Arrête papa de faire ta tête de papa ! Nolan 5 ans.

Patricia Rezé-Rébulard 10.03.2022 17:11

Amusant à lire ces dialogues enfants-parents. C'est drôle, spontané, plein d'innocence. Heureusement que la vérité ne sort pas toujours de la bouche des enfants

lolotte 09.05.2018 20:45

irrésistible !!

Maryse B 08.05.2015 20:11

Merci Christian.......pour ce recueil de petites blagues....J'ai passé un agréable moment !!!!

Commentaires

30.11 | 16:08

merci anna

10.09 | 13:07

Mince je suis coulrophobe...😉

18.07 | 11:55

J'aime

15.04 | 11:41

Chapeau mec tout y est, dans les moindres détails, une portée littéraire digne ...