Extrait de Patchwork

Famille

Visqueuse agglutination, antithèse de l’intellect, piège douceâtre, envahissant, gluant,  étouffant, discriminant.  Figure primaire, viscérale, léchant aveuglément tout ce qui porte son odeur.  Foule naine éructant ces bas instincts. Ca braille, ça rigole fort c’est tripal, ça à des réactions épidermiques, ça ne réfléchit pas beaucoup, ça n’aime pas se regarder dans la glace. C’est fondateur et primitif  mais ça tient  chaud.  Il est vital de se débarrasser de son emprise un jour sous peine de rester,  affectivement parlant,  à l’état quasi fœtal. Simple question de dignité !

Il s'appelait Abricot, c'était un petit lapin d'amour

Le sport

L’humanité n’ignore pas, même si elle se persuade du contraire, que la nature peut la broyer d’une pichenette, l’exterminer d’un simple éternuement. Que les ouragans, les typhons rayent en un clin d’œil des villes entières de la carte et en prime, que de toutes les bestioles de la création,  elle fait partie des plus malingres. En conséquence de quoi, subodorant fermement son immense vulnérabilité, malgré la débauche technologique dont elle aime à s’entourer pour suppléer à ses incapacités physiques, elle met sur pied toute une entreprise de revalorisation, généralement encerclée de gradins. Là, au milieu des supporters déchaînés, elle se répand en défis tous plus imbéciles les uns que les autres. Qui va parcourir cent mètres, deux cents mètres, dix mille mètres en le moins de temps possible ? Quelle équipe va mettre le plus de ballons au fond d’un filet pendant une heure et demie ? Qui soulèvera les haltères les plus lourds ? Qui enverra le javelot le plus loin ? Qui va traverser l’Atlantique le plus rapidement en ramant avec deux cuillères à soupe ? Qui osera escalader le sommet le plus vertigineux avec une paire de blaireaux crevés en guise de godasses ? De vieux rogatons aux mines graves et officielles accordent des médailles d’or, d’argent et de bronze aux vainqueurs. On oublie leurs noms sitôt les hourras évanouis mais on s’est adjugé sa victoire durant un bref moment. À travers ces merveilleux athlètes qui ont eut la bonne idée de naître dans le même pays que lui, l’homme en pantoufles à crampons, vautré sur le canapé, pizza et pack de roteuse à portée de main, a lui aussi gagné un peu d’or, d’argent et de bronze. Quelques secondes durant, il est convaincu d’être le plus fort de la terre en oubliant que la tempête cogne aux carreaux.

L’homme à l’échelle de la planète, c’est un peu le chétif de la cour de récréation qui se fait casser la figure par tous les costauds. Aussi est-il contraint de raser les murs pour aller se réfugier dans les cabinets, tirer le verrou, faire abstraction des cris furibards, des méchants poings qui tambourinent à la lourde et de déployer des trésors d’ingéniosité pour échafauder tout un univers factice lui offrant enfin la place enviable de caïd qui casse la gueule à tout le monde.

Commentaires

30.11 | 16:08

merci anna

10.09 | 13:07

Mince je suis coulrophobe...😉

18.07 | 11:55

J'aime

15.04 | 11:41

Chapeau mec tout y est, dans les moindres détails, une portée littéraire digne ...