Vouvoiement Galant
Jupon de la pudeur orale, évoquant les coups d’éventails, le badinage galant du XVIIIe siècle, quand les dames en étaient encore et évoluaient en distinguées duchesses.
Légères, élégantes, soyeuses chattes louvoyant en miaulant discrètement entre des tasses de thé aux arômes délicats, relevés de lait amer, sans jamais en renverser une goutte sur leurs toilettes immaculées.
Raffinement verbal délicieusement désuet, chuchotant marivaudage que ce
" Vous " délicieuse mise à distance rapprochant insensiblement les corps, à l’image des plaines immenses de l’Oural, des déserts de glace de l’Alaska et qui convie à une élévation de la pensée, des subtilités sensorielles que d'aucuns qualifient de minauderies.
Ultime dentelle du désir murmuré entre l’étalage littéraire, les allusions picturales venant mourir en contrepoint du thème astral dont il manque l’ascendant et que réclame ardemment l’éventuelle dame de cœur. Soucieuse de se rassurer, elle a besoin d’étiqueter, de cataloguer le bestiau testiculé pour savoir si leurs signes astrologiques sont compatibles en se retenant de sortir le dernier test de Cosmopolitan, de Marie Claire portant sur le sujet.
Il parle de Mondrian et de Munch et pense chatte, pilosité poisseuse, levrette et anus éberlué. Elle répond Boualem Sansal, Jean Guiton et songe, complicité, rire, voyage, virilité et portes ouvertes par la séduction, le regard, le murmures des peaux, la pérennité entretenue par le cœur, l’esprit tout en ne perdant pas de vue, la vague salée sur ses lèvres supérieures, ses pieds en boucles d'oreilles de son éventuel alpiniste.
Le vouvoiement mi-badin mi-mondain se poursuit, telle
une transparente nuisette, il suggère sans déshabiller ce que le tutoiement, froid gynécologue, exhibe.
Invitation aux manières délicates, aux égards veloutés, à la prévenance ouatée, concomitamment aux esquives froufroutantes, à la rude poursuite après la proie aussi joufflue, inaccessible pour l’heure que juteuse à l’odeur.
Le" tu" arrive souvent avec le nu. Il déflore, tout devient moins romantique. Le mystère s'évapore inexorablement.
Patricia Rezé-Rébulard 27.02.2022 16:23
Joliment analysée cette utilisation du "Vous" qui rime avec romantisme, pudeur lors des 1res rencontres, que le "Tu" vient effacer. J'aime beaucoup les clichés.
christian chauffour 25.08.2018 15:03
oui c'est une période émoustillante
Louloute 25.08.2018 13:39
La période du vouvoiement lors des premières rencontres laisse un souvenir très doux, qui fait battre le cœur et amène le sourire aux lèvres
Commentaires
30.11 | 16:08
merci anna
10.09 | 13:07
Mince je suis coulrophobe...😉
18.07 | 11:55
J'aime
15.04 | 11:41
Chapeau mec tout y est, dans les moindres détails, une portée littéraire digne ...